Impasse au Tiberiasse – Teaser #5

ALABAMA – 11 Janvier 1980

La petite ville de TALLADEGA ne comportait que 10’000 habitants en ce début des années 80. Elle restait surtout connue pour son célèbre circuit ovale de NASCAR qui voyait une fois par an se dérouler cette grande messe des sports mécaniques dont raffolaient les américains. Le deuxième plus gros employeur de la ville était l’usine ELBIT system située à la sortie EST de la ville. Le GMC P30 venait de s’arrêter au poste d’entrée de l’usine au 108 Allen street. Après les vérifications d’usage le chauffeur gara le petit camion à l’arrière d’un quai et déchargea rapidement la palette qu’un employé d’ELBIT venait prendre en charge en échange d’une signature.

La palette fut stockée pendant trois jours dans le dépôt avant qu’une employée de la chaine d’assemblage s’y intéresse, elle prit un des cartons et l’amena sur la chaine d’assemblage. En ouvrant le carton elle y trouva des microprocesseurs. Elle chargea les petites pièces électroniques dans une machine toute neuve récemment achetée par la compagnie. La chaine d’assemblage fonctionnait à plein régime. La compagnie avait remporté quelques années plus tôt un important contrat avec General Dynamics. Cette machine se situait en fin de chaine. La carte électronique venait de se placer automatiquement dans le réceptacle prévu à cet effet. Le robot prit dans son stock le microprocesseur numéros de série Z2004562EQB. Le bras automatique vint le placer ensuite très précisément sur la carte qui était quasiment finalisé, au milieu des résistances et autres condensateurs.


Z2004562EQB venait de commencer son aventure, au point suivant de la chaine d’assemblage par le dessous un autre robot vint le souder définitivement à la plaque avant qu’un dernier n’applique une couche de vernis de protection. Le processeur venait de passer avec succès le contrôle qualité sur un banc d’essai quand Gina emballât la carte dans un plastique antistatique qu’elle plaça dans un carton ou elle apposa une étiquette d’expédition : GENERAL DYNAMICS 1 LOCKEED Blvd, FORTH WORTH, TX 76108.

Le 6 février, le carton fut ouvert par Gary qui travaillait chez General Dynamics depuis 6 ans. Auparavant il montait des appareils chez Republic, il avait d’abord assemblé des F84 puis des F105 avant que ne disparaisse ce grand constructeur aéronautique. Après un courte de période de chômage il était à nouveau au contact de ces jets qui le passionnait depuis l’adolescence. Gary prit la carte électronique et l’inséra dans le rack de la boite noir qui l’attendait sur son établi roulant. Les connecteurs à l’arrière de la carte trouvèrent immédiatement les prises au fond de la boite entre deux autres cartes électroniques. Gary plaça le joint caoutchouc sur la tranche de la boite et vissa le couvercle. Sur ce couvercle figurais une petite plaque métallique sur laquelle outre un numéro de série était stipulé : SPS-1000-V5. L’employé prit la boite et se dirigea vers le F16. Une trappe triangulaire ouverte attendait sous l’apex droit de l’avion. Le travail de Gary consistait à insérer le SPS dans la baie avionique, le fixer au rail et brancher le harnais électrique qui reliait cette boite au système d’arme du F16 FIGHTING FALCON.

Gary referma la trappe, prit une fiche suiveuse sur son établi rempli plusieurs items, regarda la dérive du chasseur et reporta sur la fiche le numéro de série : F16A Block10 78-0332.

78-0332 effectua son premier vol le 13 mars 1980 avec Neil R. ANDERSON qui testa dans les jours suivant tous les systèmes de l’appareil. Z2004562EQB répondait parfaitement et remplissait sa tâche. Parfait. Initialement 78-0332 avait été commandé par l’IRAN du Shah, depuis la révolution de 1979 son slot sur la chaine d’assemblage était à vendre… c’est là que sont deuxième propriétaire s’en porta acquéreur : l’IDFAF

78-0332 fut donc convoyé en vol à travers l’atlantique par cargo. Remonté par les forces aériennes Israélienne, elles effectuèrent le vol d’acceptance le 08 Juin 1980 ou il fut affecté au 110 Sqn. 78-0332 reçut sa peinture de camouflage sable standard de l’IDFAF la semaine suivante et le buzz numbers de l’IDFAF : 228.

L’IDFAF s’était rapidement approprié le F16 au point de profiter de son nouvel appareil pour lancer l’opération OPERA le 7 juin 1981. Opération ou 78-0332 à laquelle pris part avec 7 autres F16A flambant neuf escorté par des F15. Piloté par le sqd leader AMIR NACHUMI, as des as de la force aérienne israélienne, il mena le célèbre Strike.

S’en suivirent 18 années de bons et loyaux services au cours desquelles 78 -0332 effectua une carrière sans problème majeur si ce n’est une sortie de piste qui entraina de sévère dommage au soubassement de la cellule. Par chance Z2004562EQB et sa carte électronique n’avait pas souffert et restèrent en place. Les travaux de remise en vol durèrent un an.

78-0332 arriva en vol en 1998 sur la base de RAMAT DAVID avec 10 autres F16A et fut officiellement mis en service au sein de la TAF (Tiberian Air Force) à la suite d’une courte cérémonie. Troisième propriétaire. 78-0332 rentra immédiatement dans la danse et participa régulièrement à des opérations en Temerie à partir de 2005. Pendant toute cette période Z2004562EQB ne fut que rarement utilisé, bien souvent les pilotes de la TAF n’allumaient même pas ce système peu utile dans leurs environnement d’opération. Le Microprocesseur passa plusieurs années sans même être mis sous tensions sauf pour quelques opérations de maintenances quand un technicien un peu plus zélé que ses camarades daignait jeter un coup d’œil à ce « sub-system ». La baie avionique dans laquelle il logeait devenait de plus en plus poussiéreuse, sableuse, mais le climat aride et sec du TIBERIASSE le protégeait très bien de l’humidité, ennemie juré de l’électronique. Jusque ce matin  du 29 Aout 2020…

Le capitaine Amir SANOUFI n’était pas forcement politisé. Il réalisait juste un rêve d’enfant en pilotant son jet. Un rêve d’enfant qui avait forcement été rendu possible grâce à la position de son père dans l’administration du pays. Mais il adorait cela, il ne le faisait pas par devoir, mais pour voler.

Après son envol il fit effectuer un virage par la gauche et pris le cap 030° en montant à 10000 ft. Amir était en train de vérifier ses systèmes et préparer son avion au combat lorsque résonna dans son casque : «Blir 24 de Syd. »
« Blir 24 »
« Blir 24 ici Syd bon contact radar, la zone est clair vous êtes autorisé à poursuivre votre mission, rappelez-nous en retour. »
« Blir 24 suivi ».
Inutile, ces GCI étaient inutiles, tout ce qu’ils savaient faire était de nous demander de les rappeler au retour de missions, ils n’étaient d’aucune aide. Depuis des années la TAF n’avait pas d’ennemi aérien véritable et avait perdu tout savoir-faire de supériorité aérienne. Elle était réduite au rôle d’artillerie aéroporté d’après Amir qui soupirait dans son masque à oxygène. Le pilote avait allumé tous les systèmes en bon bon professionnel. Il avait alimenté  Z2004562EQB par habitude plus que par conviction de son utilité. Mais il aimait se servir de tout ses systèmes, il aimait complexifier ses taches et ses missions en l’air pour paraitre encore plus opérationnel. 78-0332 était maintenant descendu à 500 ft sol pour franchir la frontière avec la TEMERIE. Pénétrant sur plusieurs dizaine de nautiques, AMIR suivait sa navigation à l’aide d’une carte 250 0000 pliée et posée sur sa cuisse. Son index plaçant divers repères à droite et à gauche du trait tracé au crayon gras. Plus loin sur l’horizon il reconnue la petite colline qu’il avait identifié lors de la préparation mission comme IP.

Il regarda machinalement les 2 MK77 qu’il avait sous chaque aile. Il haïssait ces engins. Mais il aimait voler. Il haïssait les 5 mn à venir, mais il adorait les 45 mn qui venaient de se dérouler. Ip, buster, cap d’attaque, pop up Master arm , les 2 MK 77 avaient quittées leurs pylônes.

78-0332 effectua une embardé sur la gauche qui l’éloigna immédiatement de sa cible tout en rejoignant la protection de la basse altitude. Les 2 bidons touchaient le sol quand AMIR regarda par-dessus son épaule gauche. Le petit village ciblé était censé abriter des terroristes ennemis du tiberiasse. Amir vit les 1500lb de napalm se rependre sur les compounds et sur la place centrale. Amir n’aurais pas dû regarder, il eu un haut le cœur, il savait ce qu’il avait fait, combien d’enfant et de femmes, de vieillards dont il venait de prendre la vie…. Une fois de plus … tout cela sur des rumeurs, ou pour servir les intérêts d’un seigneur de guerre local en représailles sur ce petit village. Son cœur s’emballa, il avait chaud, la gorge sèche, il respirait de plus en plus rapidement. Il suait, il vérifia la clim, la poussa à fond, pendant un moment ça allait mieux mais le sifflement strident de la ventilation lui martela le crane, il entendait sa respiration de plus en plus rapide, il hyperventilait. Il ouvrit l’oxygène à fond, il étouffait. Il regarda le soleil au-dessus de lui à travers la verrière bulle du F16, c’était cette serre qui lui donnait chaud, c’était sûr. Et le pantalon anti G le serait trop. Les effets ignifugés qu’il portait sous sa combinaison le démangeaient.

Qu’avait il fait ! Il avait brulé vif des dizaines de personnes, une fois de plus ! Il avait soif, un petit frémissement derrière la nuque, signe avant-coureur d’un malaise. Il allait vomir. Amir tira le manche à lui. Enfreignant la consigne, lancé à plus de 450 knt l’altimètre de 78-0332 s’affola, 1’000, 2’000, 3’000, 4’000, 5’000 pieds, demi tonneau, palier, l’agilité du vieil F16A était toujours là ! Le pilote arracha son masque à oxygène, saisi sa poche à urine dans le vide poche et rendit son petit déjeuné. A ce moment précis, au sommet de la dérive une des nombreuses antennes du chasseur fut irradié. La petite antenne à la peinture écaillé retransmis le signal via un câble le long de la cellule jusqu’à un boitier amplificateur situé dans la baie avionique dorsale. Celui-ci brutalement réveillé se mis en fonction et transforma ce signal basse tension afin qu’il soit transmis et compris par une carte électronique situé dans une autre baie avionique, car trop faible à l’état actuel pour être exploité. Le rôle de l’ampli était assez basique. Le signal sorti de l’ampli, parcouru une nasse de câble et pénétra dans la boite noire au travers du connecteur fixé par Gary.

Z2004562EQB était en veille, après des années d’inactivité le petit microprocesseur reçu le signal électrique, il effectua la petite tache qui lui incombait. Ce petit composant électronique vieux de 40 ans, aujourd’hui dépassé n’avait pas un dixième de la puissance de calcul d’un téléphone mobile bas de gamme. Mais il fonctionnait encore très bien. Il comparât en moins d’un millième de secondes le signal avec la banque de donnée disponible dans la mémoire du SPS-1000-V5 situé quelques cartes électroniques plus loin. La mémoire n’avait jamais ressorti ce signal, et miracle moderne il était toujours présent. Le processeur trouva une correspondance et émit un signal d’affichage.

Son rôle était rempli.. .La tâche pour laquelle il avait été inventé venait d’être accomplie sans problèmes. Une toute petite pièce simple, dans un système d’arme complexe comme l’était un chasseur moderne. Sans connaitre les tenant et les aboutissants politiques…. L’ordinateur fonctionna. Les guerres sont ainsi faites, de petites histoires, ici celle de Z2004562EQB.

Le signal parcouru ensuite le bus 1553B vers l’unité centrale de l’appareil qui reçut de son abonné pourtant si discret d’habitude ce message prioritaire. L’ordinateur donna immédiatement l’ordre d’affichage à l’abonné suivant sur la liste et fit émettre un son 1000 Hz dans le casque du pilote. L’ensemble de système avait parfaitement fonctionné 40 ans après son installation. Amir était penché sur son sac, le PA enclenché lui assurait la tranquillité le temps de se remettre, ça allait mieux lorsque retentit un son strident dans son casque qui le fit bondir. Il remit instinctivement son masque à oxygène, et lâcha sans même s’en apercevoir le sac plein…. Son cerveau avait repris le dessus et trait les priorités. Il checka les paramètres moteurs, les alarmes , et le RWR , une lettre et un chiffre y était affiché sur la droite de son appareil : E2…

Amir n’avait pas besoin de sa planchette pour savoir ce que signifiait E2. Le pilote de chasse mis son avion sur le dos en moins d’une seconde et tira le manche à lui, en même temps résonnait dans son casque les appels du contrôleur excité « blir 24 de SYD ! Répondez » Il se réveil celui-là pensa Amir, c’est bien le moment. « blir 24 de SYD ! Répondez » « blir 24 vous ne suivez pas le plan de vol, répondez »

4000, 3000, 2000, 1500 ft, ressource, palier en sécurité à 500 ft 500 knt cap au sud vers le pays.
« Syd , Blir 24 à 2mn nord de la frontière, j’ai été éclairé par un Hawkeye américain, ils sont là prévenez le commandement ! »
Un court moment de silence fit craindre à Amir d’avoir perdu le signal radio.
« Blir 24 retour à la base immédiatement remontez 5000 après la frontière. A tous les appareils sur la fréquence, retour immédiat, abort des missions en cours, rentrez à la base.» Le capitaine de la TAF respirait rapidement après sa violente manœuvre, et fit un état des lieux, le RWR était à nouveau vierge. Peut-être le E2 n’avait pas eu de retour sur son écho ? Etait-il en limite de portée. Amir se demandait qu’elle était la portée de son radar ? L’odeur arriva à ce moment-là à ces narines… une odeur, acide, aigre, … le sac… le demi tonneau … comment allait-il expliqué çà au technicien…

Note de l’auteur : tout est vrai, le numéro de série de l’avion est réel et son histoire un peu particulière est vraie. Commandé par l’Iran il fut retaské pour l’Israël et participa à l’opération Opéra avec l’as israélien AMIR NACHUMI ; il portait bien le buzz number 0228, fut accidenté au posé mais répare par l’IDIAF. De même pour le pilote d’essai de Général Dynamics vous pouvez trouver sa bio sur wikipedia. Évidemment la suite de sa carrière au sein des forces du Tiberiasse est fictive.

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