Bunker présidentiel – sous la maison blanche ; WASHINGTON, USA, 0230loc
Le Président des États Unis était encore en smoking. Son équipe de sécurité l’avait exfiltré du cocktail d’inauguration du nouveau hall du musée d’art contemporain de la ville quelques minutes plus tôt. Son chef de cabinet se tenait devant un écran géant sur lequel était diffusé le journal télévisé de la chaine nationale Égyptienne. « Mr le président, à 08h du matin heure locale un kamikaze s’est fait exploser dans la cours de notre ambassade. Cet attentat a été revendiqué il y a maintenant 10 minutes sur AL Gezira par les BRIGADES VERTES DU LEVANT. » « Le bilan humain je vous prie » demanda le président depuis l’autre bout de la longue table ovale qu’il présidait. Le jeune homme de trente et un ans pris une longue inspiration, six semaines qu’il était nommé et il se retrouvait déjà a briefer son patron sur la pire chose qui soit : un attentat sur le sol américain. « Sept morts américains, et on compte encore les blessés, par chance l’ambassadeur était en réunion dans l’autre aile du bâtiment quand son bureau a été soufflé. » « Très bien, parlez-moi de ces brigades vertes ! » le ton sec et la veine qui apparaissait sur sa tempe droite rappelait le caractère nerveux du président. Il aimait ce rôle de chef des armées.
Le directeur de la CIA assis à sa droite pris la parole : « Langley a beaucoup travaillé sur ce groupe terroriste monsieur le président, ils ont pris le contrôle d’une petite partie EST de la TEMERIE lors du printemps arabe de 2011, se renforçant avec diverses alliances, notamment avec AL Qaida et l’EI. Leurs forces armées ont finalement pris la moitié du pays lorsque le COLONEL YASSINE AL MOFAT fut tué en février 2017 au cours d’un soulèvement populaire dans la capitale. Dès lors les BVL, comme nous les appelons, ont profilé du désordre conséquent à la chute du régime dictatorial pour écraser les bandes rivales dans leurs zone d’influence. Depuis 2017 la TIBERIASSE dirigée par le président ALAIN PRIMATE – au pouvoir depuis 28 ans – soutient non officiellement les BVL. Les raisons sont multiples, déstabilisation de la TEMERIE, lutte d’influence contre notre allié la RIVIE. Etc.. les preuves sont tout aussi nombreuses comme la fourniture de plusieurs pilotes de chasses chevauchant les ex appareils de l’armée de l’air TEMERIENNE pour le compte des BVL. »
Le président se sentait soudain bien seul. Quelle que soit sa décision il serait seul à l’assumer. Personne pour partager son fardeau, sa responsabilité. Quelles solutions avait-il ? Condamner cet acte odieux dans un énième communiqué de presse ? Outre le risque politique, il ne pouvait pas laisser croire aux terroristes que les USA courbaient l’échine. Et le peuple américain voudrait sa revanche. Il était hors de question de laisser le meurtre de concitoyens impuni. Et même personnellement il n’était pas du genre à tendre l’autre joue. Bien qu’élevé dans une famille catholique pratiquante, il était plutôt adepte du œil pour œil, dent pour dent. Son téléphone dans la poche intérieure de sa veste vibra, ce qui le sortit de ces pensées , machinalement il déverrouilla le smartphone, un SMS de son chef de cabinet, l’expéditeur était pourtant dans la même pièce, juste à l’autre bout de la table. « Monsieur, nous devrions régler cette crise rapidement de la manière forte afin de vous maintenir dans les sondages à 8 mois de l’élection. Cela permettrait aussi de faire passer le scandale d’adultère du secrétaire d’état au logement aux oubliettes. » Le président fis la mou en lisant le texto et regarda dans les yeux son chef de cabinet.
« Très bien, mettez moi en contact avec le président RIVIEN, je vais m’assurer de son soutien logistique, nous allons envoyer nos troupes mettre un peu d’ordre dans cette partie du monde. Déroutez immédiatement le groupe aéronaval le plus proche vers les côtes TIBERIENNES, et faites savoir dans un communiqué de presse que nous allons régler le problème des BVL pour le bien du monde libre. » « Ensuite je veux que l’AIR FORCE et l’ARMY me rendent pour demain un plan de déploiement de nos troupes en RIVIE en vue d’une offensive en TEMERIE dans un premier temps. » Déjà les généraux attablés avec le président avait commencé à passer des coups de fils , les secrétaires et adjoints qui assistaient à la réunions s’étaient agités en entendant ces quelques phrases du chef des armées américaines. La ruche, la machine se mettait en marche. A 9000 kms de là, les terroristes qui avaient osé réveiller la bête ne se doutaient pas qu’ils avaient ouvert la boite de pandore.
Le Général MARK BISIAUX descendait ouvrir la porte de la TAURUS grise qui le déposait devant l’entrée ouest du Pentagone. « Allez manger Henry, je vais en avoir pour un moment, je vous téléphone quand j’ai fini. » « Bien mon général » répondit le chauffeur. En pénétrant dans le bâtiment le général perçut la pression qu’il tentait de repousser depuis le coup de téléphone qui l’avait convoqué. Il savait ce qu’y l’attendait au DoD.
Mark BISIAUX était le fils d’un jeune ingénieur Français bloqué au printemps 1940 aux USA lors d’une formation et d’une secrétaire américaine, dernier né d’une fratrie de 4 enfants en 1962 il était né trop tard. Diplômé de West point en 1984 il n’avait pas eu sa guerre. Pas de Corée, pas de Viet Nam, même pas le panama. Il avait bien commandé une compagnie de RANGER pendant DESERT STORM, mais cette campagne n’était pas considérée en haut lieu comme une guerre assez difficile pour atteindre le sommet. Sa génération faisait partie des oubliés de la promotion. Et pourtant il enchainait les bons résultats, Rangers, Commandant une compagnie dans le désert Irakien puis en un régiment, il n’avait pas pu participer à l’assaut de Mossoul à cause d’un saut d’entrainement depuis C130 lors duquel son parachute ne s’était ouvert que partiellement. Il en gardait un léger boitillement qui lui donnait une démarche à la John Wayne. Il s’était ensuite retrouvé en Afghanistan quelques jours avant l’offensive en Vastananie de 2010 – encore une occasion manqué qu’il avait suivi sur CNN… Commandant le centre de formation des delta forces de 2011 à 2013, il gagnait sa première étoile.. et depuis plus rien, il allait de service administratif en bureau d’inspection insipide. Ce Rangers avait le gout désagréable d’inachevé dans la gorge quand il évoquait sa carrière. L’éternelle retardataire. Il avait loupé bien des trains. …. Jusqu’à ce coup de fil du cabinet du secrétaire de la défense.
Christopher Miller le secrétaire d’état à la défense des états unis était dans le couloir quand Mark sortit de l’ascenseur. L’accueil n’en fut que plus familier. « Mark ! Bonjour, Rentrez je vous en prie » « Monsieur le secrétaire » Le général pénétra dans le bureau le premier suivi de son supérieur. « Installez-vous » Le grand bureau était décoré dans un style très british , boiserie et tableau de bataille épique de la guerre d’indépendance. Une grande bibliothèque sur le côté droit du bureau remplissait le mur attenant au couloir. Divers ouvrage de marine et un modèle réduit du cuirassé IOWA rappelait que l’actuel locataire du pentagone était un ancien marin. « Vous avez suivi l’actualité Mark , le président a décidé d’agir. » le secrétaire faisait allusion à l’attaque de l’ambassade survenue 4 jours plus tôt. « Bien sûr Monsieur »
« Et votre nom est sorti tout naturellement du chapeau, nous vous faisons confiance pour prendre la tête des opérations en TEMERIE »
Il y était, ça y est , il l’avait SON opération. Il tentait de masquer sa satisfaction en repoussant toute expression sur son visage, il tentait de rester impassible. Mais l’accoudoir du siège en cuir dans lequel il était installé allait garder les marques de ses doigts crispé un moment. « Vos états de service parlent pour vous, Vos supérieurs ont particulièrement apprécié votre patience et déférence envers l’institution militaire. Votre deuxième partie de carrière n’a pas été très facile et vous n’avez pas sourcillé. Ils vous gardaient en réserve pour un gros coup Mark et vous avez tenu le coup. » Le général était gêné, il n’aimait pas être redevable ni les compliment. Un « merci monsieur » sorti à peine audible de sa mâchoire serrée.
« Votre objectif sera de couper la tête des mouvements terroristes en TEMERIE, pour cela le président à décidé d’une opération aéronavale principalement, vous aurez deux task force à votre disposition» Mark Bisiaux se demandait dans quelle mesure le passé de marin avait influencé la stratégie énoncée, car nul doute que c’était le secrétaire qui l’avait soumise au président. « Au sol vous vous appuierez sur une faction rebelle, les combattant d’AL DANETTE, qui a la préférence de la CIA . En effet nous souhaitons à l’issue de cette opération mettre en place un gouvernement qui nous sera favorable dans la région. »
« Bien sur vous disposerez de forces spéciales pour éliminer ou capturer les chefs terroriste. La RIVIE nous offre la possibilité d’utiliser son territoire comme base arrière pour nos FS. » « En résumé nous ne voulons pas poser le pied à terre en TEMERIE , nous ne voulons pas d’un nouvel Afghanistan. Le pays n’en peut plus économiquement et moralement. »
Il y eu une pause, le secrétaire laissait digérer tout cela au général qu’il avait en face de lui . Il prit un moment pour l’observer, le militaire ne bronchait pas, on pouvait voir sa puissante mâchoire travailler cependant. On lisait dans son regard que son cerveau fonctionnait à plein régime. « Avez-vous des questions Mark ? » « Pas pour le moment monsieur, mais elles vont venir » « Très bien, voici le document de synthèse qui a permis au président de prendre sa décision, il vous permettra de vous familiariser avec la région. » Le secrétaire tendit une épaisse chemise en carton jaune qu’une étiquette CONFIDENTIAL INFORMATION traversait en diagonale. Le général la saisit, rien ne servait de l’ouvrir maintenant. Il ne voulait pas montrer de précipitation devant le bureaucrate.
« A partir de maintenant vous répondrez directement à moi-même et au président, d’ailleurs vous le brieferez lundi prochain sur votre plan d’action » Lundi c’était dans 4 jours, douleur au ventre, son ulcère se réveillait, il avait une remonté gastrique qui le fit plisser les yeux, ne rien montrer. Il regrettait le grand café de ce matin. « Bien monsieur, en résumé une opération anti guérilla en s’appuyant sur un groupe local et nos delta à partir d’un pays voisin et 2 groupes aéronavale au large, classique cependant je n’aime pas mettre tous mes œufs dans le même panier monsieur le secrétaire. Puis-je avoir un détachement de l’air force en RIVIE ? » Le secrétaire avait l’air surpris « Mark nous nous attendions à bien plus en terme de requêtes à vrai dire, nous pensions que vous demanderiez bien plus. Accordé pour l’air force, je les préviens, vous leurs donnerez votre liste d’effectifs ». « Autre chose Mark ? » « Pas immédiatement monsieur, mais ça va venir » « Je n’en doute pas Mark, mon bureau vous est ouvert H24 , n’hésitez pas à me contacter si vous rencontrez des difficultés» dit le secrétaire en se levant de son bureau ce qui signifiait la fin de l’entrevue. Cela déclencha un réflexe chez le militaire qui se releva promptement et réajusta son uniforme. Les deux hommes se dirigèrent vers la sortie. « Nous voulons une opération rapide Mark, vous vous en doutez, vœux pieux nous le savons, mais avec cet objectif pourrait venir votre 3eme Etoiles mon général. » « Bien reçu Mr le secrétaire » ,
Une ferme poignée de main clôtura le rendez-vous. Mark repris le couloir sur sa gauche en boitillant, mais il avait oublié la douleur permanente de sa blessure, il ne la ressentait plus. C’était l’adrénaline, il avait 20 ans à nouveau, il gonflait le torse inconsciemment, et pour la première fois il sourit. Ça y est, il l’avait son opération, la sienne, il aurait sa vrai guerre. Il allait être jugé et accepté ou pas par ses pairs en fonctions des résultats de cette opération, mais surtout c’était l’occasion de combler ce sentiment insupportable d’inachevé qui définissait sa carrière jusqu’à aujourd’hui. Il avait le possibilité de faire son coup d’éclat et vue son âge c’était assurément sa dernière chance , il la saisirait. La TEMERIE serait bientôt associé à son nom.