Carnet de guerre : série de textes fictionnels s’inspirant des actions de nos missions sur cette campagne en Vastanie. Vous y retrouverez les récits de certaines actions qu’on vécut les pilotes de la JTFF en vol.
Carnet de guerre – Épisode préambule : ici – Épisode 1 : ici – Épisode 2 : ici
24/02/01 ]1815 loc,
Au nord du Caucase
Officiellement la Grande-Bretagne n’avait pas fournie de troupes pour l’intervention militaire en Vastannie. Pourtant le Sergent Liam Garryson était bien en observation d’un carrefour “stratégique” en Vastanneie en ce moment. Le SAS de 32 ans avait été mis en place avec son équipe sous voile 3 jours plus tôt. Soit 48 heures avant le début de l’invasion. Un SOTGH ( Saut opérationnel à très grande altitude) parti d’un AN 26 loué à une petite compagnie de Bataisie occidentale. qui lui avait permis de se retrouver de l’autre côté du Caucase.
Comme lui plusieurs petites unités étaient dispersées sur le territoire Vastannien afin de renseigner le commandement. C’était notamment eux qui avaient fourni certaines positions de site SOL AIR. Liam pour sa part devait renseigner sur les mouvements de troupes venant de la partie Est du pays vers le front. Pour cela le carrefour de PREGRADNAYA était un point de passage obligatoire qu’il surveillait attentivement. Jusque là seule une compagnie motorisée sur BTR70 était passée filant bon train vers l’Ouest. Ils s’étaient enterrés lui et le caporal chef MACguyre et le Caporal Johnson sur une petite colline au sud de l’échangeur dans un bosquet d’arbres à proximité du cimetière d’un petit village.
La première nuit avait été consacré à creuser un abri souterrain camouflé. revêtus de leurs Ghillie suit qu’il la quittait désormais quasiment plus, ils pouvaient observer le carrefour , manger ,dormir et faire leurs besoins à partir de cette cache qu’ils allaient occuper pendant plusieurs semaines peut être. L’odeur créé par cette promiscuité heurtait les sensibilités de chacun pendant les premiers jours avant de disparaître sous l’effet de l’accoutumance. Comme d’habitude il n’y aurait qu’au pick up en fin de missions qu’ils ne reprendraient conscience de leur état au contact de personnes restées à la “civilisation”. Le commando était de garde, ses camarades se reposaient.
Liam regarda son omega speedmaster, il était 18h14. La journée avait été longue et animée. Les forces Vastannes étaient sur les dents la coalition avaient mené des frappes aériennes. De leur poste les 3 hommes avaient entendu les explosions des bombes plus à l’EST peu de temps après le passage des Jets. 2 F18 du corps des Marines avaient été perdu sur l’attaque d’un terrain d’aviation et on avait demandé à Liam d’envoyer un de ses équipiers tenter de localiser un des pilotes possiblement éjecté dans leur zone.
Le caporal Johnson avait passé 2 heures à progresser prudemment vers un sommet voisin pour essayer de le localiser.Il avait bien capté le signal d’une balise PRC112G dont sont dotés les pilotes de chasse mais le faible signal avait disparu avant que le commando ne puisse le trianguler. Il était trop dangereux de tenter de le retrouver en pleine journée, ils retenteraient le coup de nuit.
18h15, à part une patrouille en UAZ qui s’était arrêté pissé au bord du carrefour ce matin, rien. L’ennui n’avait pas encore attaqué le moral du sergent qui avait appris la patience dans ce métier. Il avait appris à passer le temps en observant la vie des gens autour de lui. Ainsi la petite maison au toit rouge avec le volet bleu qui se situait en retrait de la route était habité par un jeune couple, il les avait nommés SERGUEI et OLGA , deux prénoms très stéréotypés. En 48 heures il commençait à cerner la routine du couple, le mari partait , sûrement au travail, à 6h50 du matin. Olga elle étendait le linge vers 08h30 avant d’aller chercher des oeufs au poulailler au fond du petit jardin.
09h00 c’était l’heure où un employé du village venait ouvrir le cimetière à 500 mètres de leur position. L’homme passablement imbibé d’alcool à cette heure en profitait pour fumer une cigarette en regardant la vallée … sans se douter qu’il était dans la lunette Schmidt & Bender de l’Accuracy International L115 de Liam.
Il y avait aussi le mari violent qui frappait sa femme à la sortie du village dont les cris résonnaient le soir, le camion de fosse septique qui venait vider et rincer sa cuve dans un petit ruisseau plus bas tous les soirs. etc etc … cette observation de la petite routine journalière de leur environnement était en fait plus qu’un passe-temps. Elle permettrait à l’équipe de détecter tout changement dans le comportement normal des locaux qui trahirait un danger pour eux.
18h18 un vieux tracteur agricole soviétique à bout de souffle tentait l’ascension de la ligne droite qui amenait au petit village voisin, crachant une épaisse fumée le vieux diesel devait être plus vieux que Liam. La remorque pleine de foin, il se traînait dans la montée , chez lui dans le Sussex un tel engin aurait créé un embouteillage et des éclats de voix, mais ici le trafic routier était à la hauteur du nombre de voitures privées … faible, on utilisait encore les attelages hippomobiles en Vastannie. Les yeux dans le vague il commençait à observer le carrefour tout en laissant dériver son esprit, il pensait au Sussex, ses parents là-bas à la retraite devaient jardiner, sa mère devait s’inquiéter pour son fils célibataire tout en parlant à ses géranium. Son père devait être dans son garage à préparer son vélo pour une sortie avec le club local. Une crampe a la cuisse le sortit de sa léthargie. il était dans la même position sans bouger depuis des heures, il allait bientôt passer la main à un de ses camarades.
Il vit d’abord l’éclat de lumière. puis le début du panache de fumée à 5 Km dans la vallée avant que l’énorme explosion ne finisse de le réveiller, en un instant tout son corps s’était crispé sur le L115 pendant qu’une main ferme avait accroché sa cheville derrière lui.
Un fin panache de fumée montait maintenant dans le ciel avec un lourd grondement. Déjà une deuxième explosion suivie du même grondement leurs parvenait un deuxième panache de fumée montait dans le ciel gris.
Ces 2 équipiers étaient maintenant à ses côtés en train d’observer. Bien entraîné, le caporal chef avait sauté à son poste d’observation avec le SOFLAM an/PEQ1 . Cette lunette de désignation ( Special Operation Forces Laser Aquisition Marker) venait tout juste d’être mise en service dans son unité. Elle permettait au SAS de pointer au laser une position et d’en déterminer les coordonnées grâce à son GPS interne. Elle pouvait aussi servir à guider des GBU . Le caporal notait déjà les coordonnées d’un des sites de lancement.
“ Putain ce truc est génial chef “ rigola le caporal chef l’œil vissé dans l’optique . “Scud ?” demanda MacGuyre à mi-voix. “Oh que oui !; Ces merdes j’ai passé des semaines à les traquer en Irak. je peux t’assurer que c’est un départ de Scud comme j’en ai vu des dizaines.”
Nouvelle explosion de départ, sur leur gauche beaucoup plus proche ce coup-ci. Le lanceur toujours masqué, ils pouvaient cette fois voir clairement le missile R11 de 5 tonnes et 11 mètres de long monté dans un tonnerre assourdissant. “Merde ces saloperies devaient être en place avant qu’ont arrive sinon on les auraient vus passer “ . “Là regardez ! “ Sur le carrefour en contrebas un Zil 131 kaki entrait dans l’échangeur à grande vitesse avec à l’arrière une longue remorque sans plateau, dessiné autour d’une double poutre métallique sans ridelle. “C’est un ravitailleur de SCUD …” “ouais , vide… il y en a d’autres qui arrivent regarde.” Un à un des véhicules surgissent sur la route principale. “Ryan, tu les comptes, John , chope moi la SATCOM , on va envoyer un message”. “Chef là regardez ce qui sort du champ nord ouest de la briqueterie” “Liam se jeta sur la lunette de son L115 et pointa directement sur l’ensemble industriel désigné. Un MAZ 543 débouchait, le lourd véhicule 8 roues d’origine soviétique n’avait rien sur son dos. la fiche rens du véhicule défilait dans la tête du sous officier: Moteur diesel de 39 litres de cylindré, sert au transport et au lancement de différent missiles tactiques, SCUD, SS20 , sol air S300 , radar, pompier… mais là c’était bien la version lanceur de SCUD que liam avait dans sa lunette.
Le chauffeur avait mal pris en compte le grand rayon de braquage du long véhicule et venait de mordre sur l’accotement non stabilisé qui bordait la petite route. Le véhicule semble s’embourber de la roue avant droite pendant quelques secondes , mais les 7 autres roues motrices poussèrent la terre tel le bulbe d’étrave d’un navire fendant l’eau. le transporteur remonta sur la chaussée en un bon et le chauffeur ouvrit les gaz en grand vu le grand nuages de fumée noir qui s’échappa des pots.
“La liaison satellite est bonne sergent.” “ Envoie les coordonnées des lancements, annonces 4 tirs, n’avons pas pu observer direction des missiles dus à la couche nuageuse. PID SCUD, lanceurs et train logistique en mouvement 3 minutes après premier lancement, direction EST.” Le caporal chef s’affairait avec le petit clavier du système de communication dont le message allait être relayé au commandement via un satellite géostationnaire qui avait été dérouté pour l’offensive au-dessus de leurs têtes. “ Putain des SCUD, chef vous croyez que c’est pour la tête de pont ?” “Aucune idée Caporal, çà peut aussi être pour nos allié de la Bataisie occidentale , la Turquie aussi.“ “ Ce qui m’embête le plus c’est qu’on va surement nous faire bouger après çà et surtout que LOUKACHENCKO n’a pas l’air d’avoir l’intention de lâcher l’affaire, s’il lance des missiles tactique c’est qu’il ne compte pas abdiquer.”